• Dans le giron humide, sombre du temple,
    l’ombre était froide, gonflée d’encens;
    l’ange descendit, comme chaque soir,
    pour m’apprendre une nouvelle prière:
    puis, tout à coup, délia mes mains
    et mes bras devinrent des ailes,
    lorsqu’il me demanda: «Connais-tu l’été ?»
    moi, pour un jour, pour un moment,
    je courus pour voir la couleur du vent.

    Nous volâmes vraiment au-dessus des maisons,
    au-delà des grilles, des jardins, des routes,
    puis nous glissâmes entre des vallées fleuries
    où à l’olivier s’embrasse la vigne.
    Nous descendîmes là où le jour se perd
    pour se chercher tout seul caché dans le vert,
    et il parla comme quand on prie,
    et à la fin de chaque prière
    il comptait une vertèbre de mon dos.

    ...et l’ange dit: «Ne crains pas, Marie,
    car tu as trouvé grâce devant le Seigneur
    de toute chose et tu concevras de son Verbe...»

    Les ombres longues des prêtres
    poussèrent le rêve dans un cercle de voix.
    Avec les ailes d’avant je songeai à m’échapper
    mais le bras était nu et ne sut pas voler:
    puis je vis l’ange se transformer en comète
    et les visages sévères devinrent pierre,
    leurs bras des profils de branches,
    dans les gestes immobiles d’une autre vie,
    des feuilles leurs mains, des épines leurs doigts.

    Des voix de rue, des bruits de gens,
    me soustrèrent au rêve me rendant au présent.
    L’image s’altéra, fana la couleur,
    mais l’echo lointain de brèves paroles
    répétait d’un ange l’étrange prière
    où peut-être était-ce un rêve mais non pas le sommeil.
    «Il sera appelé fils de Dieu»
    des paroles confuses dans mon esprit,
    évanouies dans un rêve, mais gravées dans le ventre».

    Et la parole désormais épuisée
    fondit en larmes
    mais la peur des lèvres
    s’amassa dans les yeux
    entrouverts dans le geste
    d’une quiétude apparente
    qui se consume dans l’attente
    d’un regard indulgent.

    Et toi, doucement, tu posas les doigts
    au bord de son front:
    les vieux quand ils caressent
    craignent de faire trop fort.


    [traduzione di Mario Selvaggio]

    Tratto da Fabrizio De André. La Buona Novella ~ La Bonne Nouvelle (Editrice APES, Roma 2012) e pubblicata per gentile concessione del traduttore e dell'editore.