• Dans les quartiers où le soleil du bon Dieu ne donne pas ses rayons
    - Il a bien trop à faire pour réchauffer les gens d'autres environs-
    Une enfant chante la vieille chanson de la fille de joie
    "Ce qu'encor tu ignores tu ne l'apprendras qu'ici entre mes bras."

    Et si à son âge il lui manquera quelque compétence
    Bientôt elle affinera ses capacités avec l'expérience
    Où sont passés les jours d'autrefois, par Junon!
    Quand il fallait, pour faire ce métier, un minimum de vocation.

    Une jambe ici, une jambe là, remplis de vins
    Quatre retraités à une table mi-empoisonnés
    Tu les trouveras là, quelque soit le temps, hiver, été
    Qui retrinquent en remaudissant les femmes, le temps, et le gouvernement.

    Ils recherchent là le bonheur au fond d'un verre
    Juste pour oublier qu'ils se sont fait "prendre par derrière"
    Qu'il y ait de la joie même dans l'agonie avec le vin trop fort
    Ils emporteront en eux l'ombre d'un sourire jusque dans la mort.

    Vieux professeur, que t'en vas-tu chercher dans ce boxon
    Peut-être la seule qui peut encore te donner une leçon
    Celle que le jour tu nommes "Femme publique" avec mépris
    Celle qui la nuit ajuste ses tarifs à tes envies.

    Tu la chercheras, tu l'invoqueras souvent la nuit
    Tu te lèveras défait, renvoyant tout aux prochaines pluies
    Quand tu l'encaisseras tu dilapideras une demi-retraite
    Dix mille lires pour t'entendre dire "Minon, Mignon, Grosse bête".

    Si tu t'aventures le long des quai du vieux port
    Dans cet air souvent chargé de sel, gorgé d'odeurs
    Tu y trouveras des assassins, des voleurs, et le type malsain
    Celui qui a vendu pour trois mille lires sa mère à un nain.

    Si tu raisonnes et que tu juges en bon bourgeois
    A cinq mille ans plus les frais tu les condamneras
    Mais si tu regardes plus au fond et que tu les comprends
    S'ils ne sont fine fleur, ils sont de ce monde les victimes et enfants.


    [traduzione di Joëlle Iannicelli]